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Elie Kamano-Takana Zion : Deux coqs dans un poulailler sous contrôle judiciaire, pour combien de tem


L’apprentissage de la démocratie est encore loin d’atteindre le but. Les pays africains sont encore loin de la perfection dans ce domaine. Malheur à ceux qui veulent sauter trop tôt ou ramer à contre courant Les héros des années des indépendances sont passés par cette case et tout a été fait pour effacer leurs traces. Leurs combats, s’ils n’ont pas été vains, ils n’ont rien rapporté aux peuples que la recrudescence de leurs maux. Les exemples de Patrice Lumumba et de Sylvanus Olympio sont édifiants. La démocratie occidentale ne semble plus avoir la force de s’imposer et d’imposer quoi que ce soit aux gouvernements autoritaristes d’Afrique. La bourse a d’autres cordons. On voit ce qui se passe au Burundi, au Kenya, en RDC, où les règles du jeu démocratique ne comptent plus. La CPI, qui faisait figure d’épouvantail, a été si discréditée et démystifiée qu’elle ne fait plus peur aux dictateurs africains. Cette CPI risque de mourir d’inanition et d’inactivité, puisqu’aucun autre Africain ne semble plus lui être livré pour lui donner du grain à moudre. Laurent Gbagbo est sur le point d’être rendu à la Côte d’Ivoire pour laver le linge en famille après que le procès de Hissen Habré. Ceux qui ont eu la poisse de lui tomber dans les bras avant « cette prise de conscience », on n’en dit pas, mais plus d’autres. La souveraineté judiciaire sera le prochain leitmotiv des dirigeants africains.

Ailleurs, comme en Chine, le Dalaï-Lama et Liu Xiaobo se sont inspirés des libertés démocratiques occidentales et ont tenté de les importer dans leur terreau et leur terroir inappropriés pour jouer aux lampistes, ça n’a pas été porteur de progrès, ils ont été contrés et matés pour l’exemple, et cela n’a pas trop ému l’Occident, qui s’est contentée de condamner verbalement. Mais figurons-nous un seul instant que des artistes chinois, des défenseurs des libertés démocratiques de tous poils, et il y en a des millions, faisaient comme Elie Kamano et Takana Zion, qui disent ne pas avoir besoin d’autorisation pour occuper les rues, que se serait-il passé, si les autorités chinoises, qui ont toutes les peines du monde à maintenir leur territoire sous contrôle, acceptaient, sous la pression des occidentaux ? Cette pression occidentale sans poids a-t-elle eu d’effet pour empêcher la Chine de continuer sa route ?

On pose ce postulat parce qu’il est tellement à propos que les gouvernements africains, qui n’ont jamais inventé la roue, qui ont toujours adopté des attitudes suscitées ou dictées, ont trouvé une autre mangeoire et source de financement que la Banque Mondiale, le FMI et les pays bailleurs de fonds traditionnels avec les conditionnalités basées sur la bonne gouvernance, les libertés démocratiques et autres. La preuve, Joseph Kabila s’en fiche des mises en garde et sanctions occidentales. Les clabaudages ne lui diront absolument rien, si les Américains ne mettent pas leurs gros pieds dans le plat, mais ils ont des intérêts cachés et ne le feront pas. Leurs menaces de sanctions ne sont que poudres diplomatiques aux yeux. On ne sera pas étonné que l’ultimatum de la prolongation du 31 décembre 2016 ne se joue au-delà du 31 décembre 2017, voire encore au-delà, le nombre de morts et de fosses communes qui fait dire à un génocide ne dit rien à personne…

En Guinée, on n’a jamais entendu un volume de financement obtenu aussi gros, si on s’en tient aux promesses mirifiques et mirobolantes de Kassory Fofana, lors de sa sortie au Palais du Peuple, la semaine dernière. Avec le financement de tous les projets de rêve jamais réalisés et satisfaits par l’Occident, à commencer par Soapiti, on peut croire que la Guinée n’écoutera plus les donneurs de leçons sur la démocratie et les libertés démocratiques. Perdre cela de vue est un avuglement une audace imprudente. Il y a trop d’intérêts dans le jeu. Tous les clabaudages n’y feront rien. Qu’est-ce que la presse africaine n’a pas fait comme tapage contre Nkurunziza et qu’a fait l’Union Africaine dans ce sens, que dire du Kenya et des autres pays de la sous-région, qui ont laissé les Burundais face aux exactions et brimades ?

Il ne faut pas que cela se passe en Guinée. Alpha Condé est l’exemple même de la lutte pour l’alternance et pour la démocratie, il a juré de respecter et de faire respecter la constitution, et qu’en cas de parjure, qu’il subisse toute la rigueur de la loi, mais s’il a changé d’orientation, qui pour le contraindre de respecter son serment, de façon coercitive ? Qui pour le traduire à la CPI ?

Si quelqu’un peut le certifier, qu’il fasse libérer Elie et Takana des griffes des pandores. En attendant, ceux-ci sont soumis à un régime judiciaire qui les empêche toutes sorties de la Guinée, puisqu’ils doivent répondre présent deux fois par semaine. Ça va coûter ce que ça va leur coûter, en dépit de la prochaine campagne. Ne brisez pas leurs carrière.

Enfin, aussi et surtout, dans cette atmosphère méphitique et délétère, comment éviter que des Guinéens fuient en masse vers la Méditerranée ?


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