F. Hollande: «la visite d’Etat d’Alpha Condé à Paris, c’est la 1ère fois dans l’histoire des deux pa
Après l’hôtel national des Invalides où il a eu les honneurs militaires, le président de la République Alpha Condé a été reçu en fin d’après-midi, au palais de l’Elysée par son hôte, François Hollande.
A la faveur de cette rencontre, les deux chefs d’Etat ont abordé plusieurs questions liées aux relations entre leurs deux pays notamment dans le domaine du développement des infrastructures, des énergies, des services de télécommunications, des services financiers, des mines, du transport ou de l’eau.
En outre, les échanges des hommes ont porté sur d’autres préoccupations d’ordre régional et continental. C’est précisément le fléau du terrorisme au Mali, en Afrique de l’ouest et dans le Lac Tchad avec la présence de la secte Boko Haram dont les éléments sévissent contre les populations de ces zones; le drame de l’immigration clandestine des africains et ses conséquences sur la sécurité et la stabilité de l’Europe.
Au sortir de ce tête-à-tête entre Alpha Condé, qui est le premier dirigeant guinéen à avoir bénéficié des honneurs d’une visite d’Etat en France depuis l’indépendance et François Hollande, qui organise sa dernière visite d’Etat, à seulement 26 jours de son départ de l’Elysée, fait le point de leur rencontre à la presse. Nous vous livrons in extenso ici le contenu de sa déclaration.
Symbole et contexte de cette visite d’Etat entre la France et la Guinée, selon Hollande
«Mesdames et Messieurs, j’accueille aujourd’hui le président de la Guinée, Alpha Condé pour une visite d’Etat. C’est la première dans l’histoire de nos deux pays que nous pouvons avoir cette réception à la hauteur de ce qu’est l’histoire. L’histoire, elle a été tumultueuse. Chacun ici se souvient de 1958, de la rupture diplomatique pendant des années puis, il y a eu heureusement la reconstruction et Alpha Condé a été un élément déterminant pour que nous puissions avoir entre la France et la Guinée cette amitié renouvelée. Cette visite d’Etat en est le symbole. J’accueille aussi le président de l’Union Africaine. Car, Alpha Condé a été élu dans cette responsabilité importante et dans un contexte que chacun connaît. Il y a des conflits qu’il faut régler, le terrorisme qu’il faut éradiquer puis il y a l’unité politique de ce continent d’avenir qu’il doit une fois encore réaffirmer.
Volonté de traduire ces intentions en actions
Nous avons travaillé depuis déjà ce matin pour que nous puissions signer un certain nombre d’accords et donner un sens à la relation entre la France et la Guinée. Nous voulons qu’il y ait de l’exemplarité et notamment en matière de l’énergie renouvelable. La Guinée va être une référence. Ségolène Royal y a beaucoup travaillé et nous avons fait en sorte que les premiers financements liés à l’accord sur le climat puissent trouver leur traduction notamment en Guinée. La France va accompagner ce processus avec l’Agence Française de Développement (AFD). Car, il y a des programmes qui ont été définis pour l’eau, pour les infrastructures, le développement rural pour les énergies. Il y a un deuxième domaine qui est très important, c’est la santé et la recherche. J’étais venu à Conakry, il y a deux ans et c’était en plein moment où le virus Ebola faisait des ravages. Avec le président Alpha Condé, nous étions allés à l’hôpital de Conakry. J’ai encore ce souvenir dans la tête: ces personnels médicaux, ces infirmières, ces bénévoles qui se dévouaient pour accueillir les malades pour éviter que l’infection se propage pour soigner et nos chercheurs qui étaient là aussi pour trouver un vaccin. Nous avons pu dans un premier temps et ensuite endiguer et éradique Ebola. Enfin, il y a toujours des risques. C’est pourquoi, nous avons voulu qu’à l’occasion de la visite du président Alpha Condé puisse renforcer la présence de nos instituts de recherches, Instituts Pasteurs et l’INP. Nous avons voulu qu’avec l’OMS, nous puissions développer un partenariat de manière à ce que les recherches vaccinales se poursuivent.
Des secteurs d’intervention
Enfin, il y a des grands projets en Guinée pour assurer le développement notamment en matière des services de télécommunications, services financiers, énergies, les mines, le transport et les entreprises françaises qui sont d’ailleurs présentes au niveau de l’Etat, sont largement mobilisées pour pouvoir répondre à tous les besoins.
Nécessité de renforcer la coopération entre l’Afrique et l’Europe dans la lutter contre le terrorisme, l’immigration clandestine…
Je reviens enfin sur les responsabilités qui sont celles du président Alpha Condé à la tête de l’Union Africaine et qui nous mobilisent aussi. L’Afrique de l’ouest avec le terrorisme, je me souviens encore de ce qu’a été la position d’Alpha Condé au moment où la France a décidé d’intervenir au Mali. C’était tout à fait majeur que nous puissions avoir son appui. Puis nous avons encore l’opération Barkane. Nous luttons contre le terrorisme et nous avons également à agir dans ce qu’on appelle le Lac Tchad avec Boko Haram qui menace des populations, détruit des villages, massacre… Nous faisons en sorte d’agir notamment aussi en Libye. Pour la Libye, le président Alpha Condé ne ménage pas sa peine pour rencontrer les protagonistes.
La France, un soutien de l’Afrique et non une puissance tutélaire: une pratique révolue
Il y a encore un sujet de préoccupation que nous avons abordé qui est la République Démocratique du Congo et je fais confiance en l’Union Africaine pour trouver une solution de médiation indispensable. Parce que la France vis-à-vis de l’Afrique, elle n’interviendra pas comme une puissance tutélaire. Ce temps là est terminé. La France n’intervient pas pour gérer ses propres intérêts, elle a à faire la qualité de ses entreprises. La France n’intervient pas pour faire infléchir ou faire changer les règles politiques ou des régimes électoraux. La France est un soutien de l’Afrique parce qu’elle pense que ce continent à grand potentiel, là aussi il y a des difficultés qu’il faut régler et que ce qui se passe en Afrique a des conséquences en Europe, ne ce serait-ce que l’immigration, le terrorisme, l’instabilité. Donc notre intérêt commun, la France, l’Europe, l’Afrique, c’est d’agir pour le développement, la paix et la sécurité.
Et enfin la consécration pour Alpha Condé
C’est pourquoi, il est aussi important que le président de l’Union Africaine vienne ici, c’est la dernière visite d’Etat que j’organise et je souhaitais que ce soit à la fois pour Alpha Condé, pour la Guinée et pour l’Union Africaine.