Gabon : l’exemple d’un bras de fer politique qui tourne au vinaigre
En guise de testament politique, le roi Albert Bernard Bongo alias Omar Bongo Ondimba avait dit en substance qu’un chef d’Etat africain qui organise une élection et qui la perd, c’est qu’il n’aime pas son pays. Son héritier naturel, qui n’est pas un fils putatif ou adultérin, a tenu à l’application stricte du testament, aidé en cela par un système despotique miné par des querelles intestines jusqu’au plus profond de la fratrie. La cabale en vue de discréditer Ali Bongo a été corrosive et caustique. Tous les moyens mis à contribution n’ont pas pu vaincre la vérité. Elle est venue par le biais d’un vieil instituteur qui s’est rappelé subitement qu’il avait eu un certain Alain Bongo dans sa classe dans les années 1965-66. Les appréciations et attestations de mémoire vivace de ce vieil enseignant ont pesé lourd pour faire taire la cabale : « Alain Bongo était un élève d’intelligence moyenne » .Tout lui a donné raison. Avec le recul, on se rend compte que tous les calculs d’Alain-Ali Bongo basés sur la fratrie politique en opposition tranchée à la fratrie biologique ont conduit le système à un point critique de non-retour. Le panier de crabes du PDG de Libreville, contrairement au panier de crabes du PDG de Conakry, a su rester soudé pour prendre le pouvoir, mais il n’a pas su éviter de se donner des coups de pinces pour faire éclatement. La déconfiture est telle que tous les calculs savants s’avèrent vains de jour en jour : la récupération espérée de la CAN de football a produit l’effet contraire, les dépenses faramineuses n’ont rapporté que la rancœur des populations qui ne veulent plus payer pour les erreurs politiques; le président de la fédération gabonaise de cyclisme refuse de démissionner sur injonction du ministre des sports pour la non-participation des cyclistes à une course organisée par la « reine », à un moment où le peuple pleure de famine ; les syndicats des enseignants refusent de se laisser intimider par la menace d’une année blanche agitée et instrumentalisée par le pouvoir ; les enseignants aussi leur restent solidaires, les parents d’élèves aussi semblent être du même avis ; l’opposition politique, même si elle ne s’affiche pas, applaudit des deux doigts dans l’ombre. Les bailleurs de fonds de l’Union Européenne semblent avoir pris leur position, seule l’Union Africaine langoureuse et léthargique comme jamais, comme toujours, continue à se murer dans son silence assourdissant. Evidemment, naturellement et normalement, le président en exercice de l’UA est Alpha Condé, très fier de l’être, mais très inquiet dans l’exercice et pour cause, chez lui n’est pas très reluisant, il y a malaise partout et dans tous les domaines. Il attend de voir clair du dénouement de la crise gabonaise pour réagir. Alpha Condé doit comprendre vite, au quart de tour, que l’exemple gabonais n’est pas bon à prendre, parce que la leçon est qu’il sera très difficile de répartir à zéro après ce qui va s’y passer. Il faudrait multiplier les difficultés par quatre pour la Guinée et c’est sous-évalué. Alain-Ali Bongo a-t-il encore une marge de manœuvre pour sortir de cette impasse, lui, qui y est entré tête baissée en écoutant les chants des sirènes ? La sagesse dit que « les conseillers ne sont pas les payeurs ».